They're just coming out of their cage [Ryuichi]

L'hiver est en train de se retirer doucement, il ne fait plus aussi froid que durant le mois de décembre, mais il ne fait pas encore assez bon pour se promener sans un lourd manteau, pour se promener sans craindre la morsure du vent gelé. Mais parmi tout ces élèves qui portent ce manteau si sobre par dessus leur uniforme, tiré à quatre épingles, il en arrive un qui se démarque par son allure et par cet uniforme qu'il porte débraillé, froissé, sans autre source de chaleur qu'une légère veste pour se couvrir. Le froid ne le dérange pas, il ne l'a jamais vraiment dérangé, et pour cause le chauffage défaillant des appartements qu'il a visité durant toute sa courte vie ne lui ont jamais laissé le temps de s'habituer au confort d'une chaleur apaisante. Il ne craint pas le froid, mais il ne peut réprimer ce frisson qui le parcourt à chaque fois que le vent s'engouffre dans sa veste, ce vent que l'on ne peut contrer qu'importe les moyens utilisés, il ne peut pas non plus se battre contre cette envie de partir alors qu'il vient tout juste de passer la grille de la cours du lycée. Tout ça ne l'intéresse pas, et puis ce soleil ne lui donne pas envie de travailler, il lui donne envie de rester dehors malgré ce vent glacé. Son coté trainard et mauvais élève l'y pousse, mais c'est contre l'accord, qu'il a passé avec la juge, alors il résiste tout en sachant pertinemment que cette journée ne va être qu'ennui et soupires d'exaspération face à ce monde d'abrutis qui l'entoure. Rien ne lui plait ici, pas même un seul élève pour lui taper dans l'œil, pas même une seule personne à persécuter, à croire que le destin s'acharne contre lui. Mais il n'y pense déjà plus, et c'est la tête presque vide de toutes pensée qu'il se remet à marcher vers les portes du bâtiment qui accueille leur classe, il n'a jamais été dérangé ni rebuté par ce bâtiment depuis son arrivé, peut être parce qu'il a toujours habité dans ce genre de vieille carcasse de bâtiment usé jusqu'à la corde. Cependant il ne comprend pas pourquoi les élèves qui séquestre ces vieux murs continuent à les délabrer de cette façon?! Cela les amuse t'il ou est ce tout simplement un moyen de montrer qu'ils font leur petit rebelles dans leur coin? Pathétique, c'est bien là le seul mot qu'il trouve pour qualifier ce qu'il pense, mais ça ne le regarde pas et ça ne le regardera jamais, il ne compte pas rester ici assez longtemps pour se mêler de ce genre d'affaires

Il passe la porte, se contentant une nouvelle fois de pousser un soupir alors qu'on entend résonner dans les couloirs des braillements masculins, peut être est ce un groupe d'élève qui s'en prennent à un pauvre innocent, ou alors c'est tout simplement un autre bande d'élèves à moitié ravagé qui tente de se montrer plus virile qu'elle ne l'est vraiment. Mais ça n'a pas d'importance, ça ne le regarde pas et il continue à marcher dans les couloirs vides. Vides de monde mais plein d'un bordel sans nom, dont le bruit extérieur suffit à combler l'écho de ses pas trainant. L'envie de faire demi-tour se fait de plus en plus pressantes, et son pas se fait de moins en moins rapide, moins certain. Seulement ce n'est pas le moment de flancher, alors continue d'avancer sans faire plus de bruits qu'avant, se rapprochant inexorablement de cette porte qui le mènera à l'ennui durant toute une journée, et pourtant, l'ambiance qui y règne n'a strictement rien à voir avec l'air ambiant, studieux, qui règne dans toutes les autres classes de cette école. Dans un sens peut être devrait il remercier le ciel, le destin, ou quoi que ce soit de l'avoir conduit jusqu'ici et non pas dans ce genre de classe encore moins attirante, plus ennuyeuse. Mais il n'est plus temps de se poser des questions, le voilà face à la porte d'entrée, elle coulisse devant lui, sans qu'il n'y touche, laissant passer un élève qui l'aurait certainement bousculé s'il n'avait pas eut le réflexe de se pousser. Pas d'excuses, pas un regard, mais ce n'est pas comme si il s'y attendait alors il se contente de le suivre des yeux, un peu las alors qu'il se fraye un chemin dans la classe.

C'est un bordel sans nom qui à prit le dessus ici, mais personne n'en est gêné, pas même lui, lui qui continue de marcher ne se donnant pas la peine d'éviter les quelques sacs qui trainent sur le sol, leur propriétaire n'avait qu'a les ranger correctement ou faire comme lui, ne pas le prendre tout simplement. Il ne jette aucun regard aux autres, pas de salutation rien du tout, il ne l'ai connait pas, ne leur a pour la plupart jamais adressé la parole, tous inintéressant, pas une ne mérite ses mots. Pourtant comme tous les matins alors qu'il s'assoit à sa table, il sent quelque regard se poser sur lui. Qu'a t'il encore fait de si spécial pour qu'on le fixe de cette façon?! Il ne sait pas, mais la question ne le taraude pas très longtemps, car déjà il se couche sur sa table, la tête entre les bras, bien décidé à finir sa nuit sans qu'on ne le dérange pas, le vacarme qui règne dans le coin ne le dérange pas le moins du monde. Malheureusement, dans ce genre d'ambiance rien ne se passe jamais comme on le souhaite, et il en est de même pour lui. Il ne lève pas là tête alors qu'il sent qu'on lui jette des boulettes de papiers, habituellement on pourrait l'enterrer sur des kilos de papiers qu'il ne réagirait pas, mais il faut croire que ce jour là a été mal choisi et c'est sans attendre qu'il lève la tête prenant le coupable la main dans le sac. Le regard noir ne se fait pas attendre, et ce n'est qu'en quelques pas tout en bousculant quelqu'un sur son passage, qu'il va faire avaler toute cette feuille de papier au coupable. Qu'importe s'il se retrouve pas la suite roué de coups par le reste de la classe, qu'importe tout cela, il aura au moins une infime raison de se battre sans être pour une fois l'instigateur d'une bataille.

Se lever le matin. Voilà un rituel immuable qui n’était pas toujours très appréciable. Yeux bouffis, cheveux en bataille, haleine de Cowboy … Rien de tel pour agacer notre jeune homme qui râla pour la première fois en posant le pied au bas de son lit. Il n’y avait pas à dire, il ne supportait décidément pas le fait de se lever ; de passer du chaud de la couette au froid du plancher. Mais c’était ça ou entendre sa mère hurler et jouer de la trompette avec sa bouche pour qu’il bouge un orteil. Voilà un autre rituel qui aurait pu avoir le mérite d’être exploré mais Ryuichi n’avait vraiment pas le temps et son ventre criait bien assez fort comme ça pour qu’il en rajoute. Dieu qu’il était d’une humeur massacrante le matin ! Humeur qui se transformait aussitôt en un sourire surfait quand il quittait son logement ! La colère des traits endormis laissa donc place à un air nonchalant figé dans un sourire en demie-teinte. Ryuichi était de mauvaise humeur ce matin ! Et tout le monde sait qu’il a tendance à ennuyer tout le monde quand il n’est pas dans son assiette … Déjà qu’en temps normal, ce n’est pas un modèle de vertu et de bonté mais alors de mauvais poil, c’est encore pire ! A croire que le ciel tomberait sur la tête de toutes les personnes qu’il rencontre et ça commença très tôt quand il dû prendre le bus … Ce monde, cette impression de se fondre dans la masse, d’être étouffé par un voisin trop carré d’épaule et insulter par la collégienne à côté de vous parce que vous vous êtes écroulée sur elle en vous endormant ! Voilà ce quotidien routinier qui lui sortait par les yeux et c’est avec un air encore plus détaché qu’il stoppa devant les portes de l’établissement. Mais pourquoi venait-il là tout les matins alors qu’il pouvait très bien aller dans un café en attendant que le temps passe ?

Il avança, mine un peu plus renfrognée maintenant en pensant à ce qui pourrait bien lui arriver aujourd’hui. Il n’avait de plus aucune envie de croiser du monde tout de suite maintenant mais comme toujours, on cru bon de lui rappeler que même ce bâtiment, aussi affreux soit-il, n’était pas fait pour les chiens, aussi se retrouva t’il presque poussé en direction de ce dernier ! C’était quand même vachement plus intéressant d’aller dans les couloirs du bâtiment principal pour y observer les jupes plissées que d’aller se trimballer au milieu d’une montagne de poussière non ?! Intérieurement, sa seconde crise de râlage arriva presque instantanément quand il passa les portes du bâtiment qui leur était réservé. Ce fut pourtant avec un sourire à tomber par terre qu’il salua les rares têtes déjà présente. Y’a pas à dire … Malgré le fait qu’il ne serve à rien de venir en cours, il y en avait toujours de présent et pour des raisons parfois idiote ; pour sa part, il tentait d’échapper aux hurlements de sa mère et tenait à avoir un semblant de diplôme pour qu’elle lui achète encore tout ce qu’il souhaitait et qu’elle lui fiche la paix ! C’était une motivation comme une autre non ? Et puis il y a encore quelques mois, la 3D bénéficiait d’une agréable ambiance … Maintenant, ça laissait fortement à désirer par moment mais bon, quand on n’a pas le choix on prend sur soi et on sourit n’est-ce pas ? C’est donc avec la bouche en cœur qu’il ouvrit la porte de sa classe et qu’il y entra en sautant en lançant un « Ohayo » retentissant ! Ryuichi et la discrétion le matin, ce n’était pas toujours ça … Et puis ça le faisait marrer d’entendre les autres gueules enfarinées lui répondre en grognant ! On aurait dit un troupeau d’hommes des cavernes et c’était bien la seule chose qui pouvait vraiment le faire sourire de toutes ses dents … Ca et aller s’asseoir sur sa table entièrement taguée avant de balancer son sac à ses pieds pour finalement poser sa tête dans ses bras et terminer sa nuit.

Ca aussi, c’était un rituel immuable. Tout le monde savait qu’il était un flemmard fini alors il tenait très bien son rôle en s’endormant presque à chaque fois cinq minutes après être arrivé. C’était ça où allez parler à droite à gauche en toute sympathie … Ryuichi était toujours très sympathique et plus il l’était, moins il était sincère … Menteur fini il passait plus de temps à raconter tout et n’importe quoi sans qu’on s’en rende compte. Il prenait aussi un malin plaisir à nuire à certaines personnes en toute gentillesse bien entendu … Il tenait à cette image de gentil garçon qui ne ferait pas de mal à une mouche ; ça faisait un super contraste avec cette classe qui avait parfois tendance à trop s’échauffer pour tout et n’importe quoi. Ce qui arriva bien entendu encore une fois ; vingt minutes après son entrée et quand la porte fut à nouveau refermée, il entendit tables et chaises racler le sol violemment avant d’entendre des pas précipités dans sa direction ; instinctivement, il releva la tête pour entre-apercevoir ce qui se passait. Sous le rideau de ses cheveux, il observa les deux garçons sans vraiment pouvoir dire ce qu’il se passait réellement. De toute façon, ce n’était pas son problème ; il ne réglait jamais les problèmes des gens en s’interposant et préférait voir la douleur et la souffrance d’un blesser plutôt que d’appeler une ambulance. Oui … Il aimait bien voir les gens souffrir un peu, que ce soit physiquement ou mentalement mais là … Ca allait simplement trop loin. Ce grabuge pas très loin de lui l’empêchait de terminer sa nuit et quand il demanda à un camarade de classe la source du problème, il manqua d’éclater de rire. En bon emmerdeur qu’il était, il ramassa quelques bouts de papier par terre avant de les lancer à son tour sur ses deux camarades. Il voulait juste voir leurs réactions. Juste comprendre pourquoi on s’enflammait pour une telle chose en trente secondes alors qu’il était bien plus judicieux de faire ça dehors ou alors en toute discrétion !

Ryu ; « Il t’en faut peux pour ruiner une bonne ambiance ! »

L’ambiance de la salle de classe, ou de ce qui s’en rapprochait le plus était soudain devenue beaucoup plus lourde. A croire qu’on allait voir les clans se former en moins de cinq secondes pour que tout se transforme en bataille générale. Rien de tel pour l’ennuyer ; lui qui n’y prenait jamais part. Enfin, depuis un moment, l’ambiance générale était au plus bas. En fait, elle se dégradait presque de jour en jour depuis l’arriver des nouveaux étudiants et ce n’était pas pour le ravir. La 3D était connue pour être soudée alors voir un petit groupe de quelques étudiants tout foutre en l’air par simple passe-temps avait tendance à l’agacer. Il ne pouvait plus faire ce qu’il faisait d’habitude par leur faute, les gens commençaient tous à être sur les dents et étaient bien moins agréables depuis l’arrivée des « autres 3D » ! Un sourire faux comme pas deux sur le visage, il continuait à lancer ses petits bouts de papier sans plus s’inquiéter des jours autour de lui. Que lui arriverait-il au pire ? Il s’en prendrait une et alors ? Trois jours plus tard, il en remettrait une à celui qui l’avait frappés et ils seraient quitte n’est-ce pas ? D’ailleurs, il se foutait bien de savoir qui était le petit malin qui avait ruiné sa première sieste de la journée, le sourire qu’il affichait signifiait que son mode enfoiré venait de démarrer et qu’il avait trouvé une nouvelle activité… Restait plus qu’a attendre de les voir se battre ou de se faire taper dessus … Dans un cas comme dans l’autre ; ça promettait d’être intéressant ne ?